Dans un mémo envoyé aux membres de sa rédaction, les dirigeants du NY Times, Bill Keller and Martin Nisenholtz, ont annoncé le 2 août dernier leur décision de fusionner les rédactions papier et web.
Cette nouvelle a été largement commentée cet été, notamment par Jeff Jarvis dans le Guardian du 8 août. Il y explique que cette décision est certainement plus facile à annoncer qu'à exécuter et que les journalistes du papier doivent désormais être formés à délivrer une information globale et multimédia, accessible selon différents degrés d'approche - articles fournis de liens contextuels, ouverture aux commentaires (articles-blogs, forums, etc.), voire à la co-écriture avec des bloggueurs avertis - et songer à revenir à l'agrégation d'information en propre. En effet, quel besoin de s'appuyer sur l'information commodité que tout le monde connaît déjà ?
Les chroniqueurs de l'Editorsweblog publié par le World Editors Forum réagissent également à cette nouvelle en détaillant quelles conclusions tirer de ce mouvement qu'ils anticipent comme le premier d'une série qui touchera toute l'industrie. A leur sens, les médias traditionnels perdent des points parce qu'ils sont désormais concurrencés par trop de médias alternatifs. Mais s'ils sont capables de fournir une information plurielle et multi-supports, ils pourraient redevenir attractifs.
Les rédacteurs en chef seront désormais responsables de l'information diffusée sur le journal et sur son site Internet. A eux de décider alors quels aspects d'un événement couvrir via tel ou tel média (podcasting, photos, etc.). Les annonceurs suivront pour nouer des contrats pluri-média et non des contrats isolés par média. Les éditeurs devront trouver le bon équilibre économique entre les informations qu'ils continueront à acheter à des agences de presse et celles qu'elles revendront, au grand public et à des tiers. Le public continuera a rechercher une information enrichissante et divertissante, qui se lit, mais aussi s'écoute, se voit et même à laquelle il pourrait participer. Et si les titres ne sont pas capables de fournir ce type d'information, il ira ailleurs ou la créera lui-même.
Il ne reste qu'à souhaiter que le NY Times réussisse cette réorganisation cruciale de ces activités et qu'il montre la voie pour délivrer une information plus riche et davantage en adéquation avec les défis de l'information participative et des potentialités encore peu exploitées du web. Toutefois, la transition sera difficile, à n'en pas douter ! Les antagonismes entre les rédactions papier et web sont connues, quels que soient les titres. Les rédactions web, voire les filiales web, ont souvent été créées pour accélérer la mise en place d'un site sans affronter les freins au changement des organisations historiques. Celles-ci devront progressivement apprendre à modifier leurs routines pour intégrer cette dimension, devenue stratégique pour l'avenir du média papier.
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