Epique, le vol NY-SF sur Delta Airlines. Sur les vols intérieurs, les compagnies font désormais payer les bagages aux voyageurs, mais pas si le billet est lié à un vol international. Le personnel au sol ne le sait pas, ça serait trop simple. Bref, une cacophonie pas possible, de longues files d'attente et un vol bien long pour un standing de « vol intérieur »... Le lendemain, SF nous fait une fête, un soleil insolent nous attendait pour lancer de bon matin le bal de nos rendez-vous.
ORB NETWORKS
Nous démarrons par la séquence « start up ». Le Dr Luc Julia, Son fondateur nous accueille dans les mêmes locaux au centre de SF que ceux de Seesmic, la société fondée par Loïc Le Meur. Un personnage haut en couleur qui nous a donné couleur et chair au concept de l’entrepreneur qui vient faire fortune dans la Valley. Près de 10% des start-ups sont des succès parmi celles qui sont créées dans la Valley. Selon lui, il y aurait 300 « bons VCs » sur les 1000 présents dans la région. Dans les années 2000, il en existait 5000 !
Le Dr Julia, ex-chercheur au CNRS, est venu tout d’abord à Stanford pour faire de la recherche. Il a créé le laboratoire « Chic » à la fin des années 1990 et a commencé à lancer des sociétés dont les innovations étaient initiées dans le labo : reconnaissance vocale, stylo intelligent, etc. Orb a été créée en 2004 et compte aujourd’hui une trentaine de salariés. La société a levé des fonds à trois reprises mais les fondateurs conservent 60% du capital. Elle compte 9,5M d’utilisateurs, dont la moitié est hors US. Orb permet aujourd’hui d’accéder aux contenus de son PC à distance, notamment de regarder la TV d’où je veux (« My Cast »). L’outil gère tous les types de formats, mais l’ordinateur personnel doit être allumé pour transmettre les flux. Une technologie peut être mobilisée pour allumer l’ordinateur à distance (« Wakeonline »), mais elle n’est fiable qu’à 40%. Le service, gratuit, a touché 100k utilisateurs la première année, idem la seconde… Elle a commencé à décoller de manière simplifiée, via un partenariat avec AOL, pour streamer de la musique (7M d’utilisateurs avec Winamp). Leur principal projet de développement est un hardware qui devrait sortir cet été (<50$). « Stické » sur la TV ou une chaîne stéréo, il pourra diffuser le média à distance, notamment sur mobile. Pas de questions émergent autour de ce concept, notamment sur la question des droits des contenus, qui seraient ainsi multi-diffusés sans régularisation… Y croire, ne pas y croire ? En tout cas, notre hôte, entier, c’est le moins qu’on puisse dire, nous a donné un bon aperçu de l’énergie et des motivations des entrepreneurs de la région.
MICROSOFT
Un premier intervenant nous présente la structure de la société (3 grandes BU : produits & services, business, entertainment & devices). Microsoft est présent dans la Silicon Valley avec 2000 personnes, qui pèsent relativement peu dans l’ensemble des 60 000 salariés du Groupe. Ce qui est implanté ici est surtout le résultat d’acquisitions successives qui ont été consolidées ensuite. Les principales activités sont autour des médias et du divertissement (Xbox, IPTV, media center), mais aussi de Live & MSN.
La seconde présentation se concentre sur le business TV pour Microsoft. J’avoue l’avoir trouvé assez brouillonne, voici en quelques mois ce que j’en ai retenu. L’activité du Groupe en la matière est B2B, il n’y a pas de contact avec le consommateur final. Microsoft travaille avec les fournisseurs d’accès et leur offre une plate-forme de gestion de la TV comme business (CRM, facturation, etc.). Les équipes travaillent également sur la personnalisation des multiplex en développant des widgets et autres applications permettant de s’adapter aux préférences des consommateurs et de mesurer de manière plus fine les usages. Pour le responsable de l’activité, il existe une « règle des 5 boutons » : sur l’IPTV, tous les services doivent être accessibles avec les 5 simples flèches de la télécommande. Pour lui également, toutes les applications ne sont pas réplicables à l’identique sur tous les terminaux. Leur vision est davantage de connecter les différents terminaux de la maison entre eux et de déployer les services petit à petit (« we start small » au lieu de parler de convergence multi-supports). Avec leur technologie, la TV connectée peut être livrée sur la TV et la Xbox. La diffusion sur PC et mobile sera disponible respectivement en 2009 et en 2010.
GOOGLE
Impatience et curiosité dominent au moment d’entrer dans le « campus » de Montain View. Nous sommes nombreux à avoir vu des photos, entendu parler des lieux et de son fonctionnement, mais nous sommes plutôt excités d’y être. Et tout y est : le terrain de beach volley dans l’enceinte, l’immense cafétéria, les terrasses, les couleurs, l’atmosphère, la moyenne d’âge des employés (27 ans)… Notre intervenant arrive. Vincent Dureau est ingénieur comme 60% des employés de Google. Il est « Head of TV technology ». Il nous parle longuement du fonctionnement de l’entreprise et son discours fait naître de nombreuses questions. Il y a un profil Google. La sélection des RH est féroce et il faut se plier en interne à tout un tas d’évaluations : celle de ses pairs, de sa hiérarchie (il existe 12 échelons chez Google) et de ses collaborateurs. Tous les 3 mois. Pas étonnant que les employés soient issues des grandes universités et écoles. Il y a une atmosphère et un système qui ressemblent à ceux de l’université. La promotion se fait par le management et l’expertise, notamment dans le domaine technique. Il n’existe pas de présupposé positif vis-à-vis de l’âge : ce qui compte très vite, c’est ce que le salarié a accompli chez Google et plus tellement ce qu’il a réalisé avant. Selon les expériences des uns et des autres, les membres du groupe sont au choix fascinés ou effarés par cette description d’une progression de carrière chez Google. Un autre point intéressant est la prise de conscience claire que Google est un opérateur d’infrastructures : quelle n’est pas la fierté de Vincent Dureau quand il nous annonce que Google fait tous les jours un back-up du web ?!
Notre homme travaille sur la mesure d’audience TV. Aux US, Nielsen mesure l’audience de la TV sur un panel de 20 000 foyers. Le système est construit de telle manière que seules les 40 premières chaînes seraient mesurées et pas les 200 restantes dont la part de marché de dépasse pas 0,5%... Par ailleurs, il existe une nouvelle audience qui consomme la TV sur PC de 30 à 60 minutes par mois. Pour l’instant, il n’y aurait pas de cannibalisation et cette audience commence à intéresser les annonceurs.
Google a passé un accord avec Echostar pour mesure l’audience des chaînes du bouquet sur 3M de foyers, y compris celles qui ont les plus petites audiences. Or, 55% des téléspectateurs regardent en effet les « petites chaînes ». L’inventaire publicitaire a été mis en vente chez Google et n’est payé qu’en fonction du nombre de personnes qui ont effectivement regardé le spot. Selon les mesures de Google, jamais +20% de l’audience ne change de chaîne quand un spot publicitaire passe. L’outil permet donc de mesurer l’efficacité de la publicité de manière très fine : corrélation entre la publicité et les recherches sur le moteur ; ROI pour les e-marchands. Sur les usages TV, l’outil permet de livrer des analyses sur la récurrence d’usage, la durée d’écoute, l’heure à partir de laquelle le public préfère regarder une chaîne. L’audience est qualifiée par segment type de foyer.
La mise en ligne d’une campagne est ultra-simplifiée : l’annonceur accède à un extranet sur lequel il peut mettre en ligne son spot et paramétrer sa campagne. Si le spot est accepté, il tourne à l’antenne 48h plus tard et les premiers résultats sont accessibles 72h plus tard. Il existe des inventaires réservés pour certains annonceurs. Le système des enchères s’applique aussi aux annonceurs TV, des prévisions sont effectuées sur les enchères et les disponibilités sur les différents espaces. Les publicités sont ensuite « scorées » en fonction du taux de clic. Si leur historique est mauvais, les annonceurs devront payer plus cher pour les placer. Le marché de la publicité TV traditionnelle est de 70 Mds $ aux Etats-Unis. Google espère en capter une partie en automatisant les transactions à grande échelle.
HP
Le directeur de la stratégie des labos de recherche de HP nous reçoit dans un très bon français. La R&D représente 3% des revenus de HP (près de 12Mds $). Les tendances sur lesquelles HP travaille : broadband mobile, cloud computing. Pour eux, il existe 4 business models clés :
- La publicité
- L’abonnement
- La transaction
- La transformation du numérique en objet physique
Ils travaillent notamment sur une expérimentation qui s’appelle MagCloud, qui repose sur le principe de la publication de magazine à la demande. Aux Etats-Unis, plus de 60% des magazines ne sont pas vendus et les médias en ligne sont de plus en plus personnalisés. De plus, 1 milliard d’utilisateurs d’Internet ont les outils pour publier. Ceux qui utilisent le produit aujourd’hui sont surtout des blogueurs, notamment des femmes, avec des thèmes phares qui sont : la mode, les recettes de cuisine, la couverture d’événements sportifs universitaires. Ce seraient des profils proches de ceux d’eBay. HP travaille aussi sur le « ePaper ». Nous avons vu la feuille qui permet de bâtir le terminal. Plutôt impressionnant.
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