Impossible de passer à côté de ces deux événements touchant la presse et surtout réveillant de vieilles rengaines sur les relations entre les actionnaires et la rédaction d'un titre.
Evidemment, le départ de Serge July de Libération fait bizarre. Les articles disponibles aujourd'hui dans le journal rendent hommage au fondateur et font état d'une touchante nostalgie. Le message d'adieu de Serge July a ses lecteurs ne cache pas ses regrets de ne pas pouvoir continuer à accompagner le journal dans cette étape décisive de son évolution. Dans cette crise, il s'agit d'économie. Le journal perd de l'argent, il en manque pour réaliser les investissements qui lui assureraient une place plus confortable sur le marché des quotidiens plus simplement bi-média mais multi-média. L'actionnaire a décidé. On espère que ce renouvellement de têtes et la stratégie de recapitalisation envisagée sont des bons choix. Que ce départ n'aura pas eu lieu pour rien. Car si Serge July était critiqué, on lui reconnaissait de savoir faire rempart pour garantir l'indépendance de sa rédaction.
Visiblement, et j'en viens à la seconde crise, cela n'est pas le cas chez Paris-Match. Alain Genestar lui aussi "remercié" par son actionnaire n'était pas lui mis en cause pour des questions économiques mais pour avoir froissé notre ministre de l'Intérieur. La couverture du magazine montrant Cécilia Sarkozy avec son supposé amant s'est taillé un certain succès commercial auprès du public - ce qui devrait réjouir l'actionnaire. Mais non, trop de pression. Le fait du prince s'exercerait encore, malgré les protestations révoltées de la rédaction. Daniel Schneidermann dans sa chronique "Médiatiques" essaie de montrer comment, dans cette affaire, l'économie ne serait pas tout à fait absente. Mais c'est tout de même d'indépendance qu'il s'agit.
On pourrait croire qu'un titre de presse bien géré aurait plus de marges de manoeuvres dans sa liberté d'écrire. Ces cas sont de tristes contre-exemples.
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